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BELL : «PHILIPPE REDON ETAIT UN HOMME MERVEILLEUX»

   

L’ex-attaquant et entraîneur Philippe Redon est décédé le mardi 12 mai 2020 à l’âge de 69 ans. Joseph-Antoine Bell, qui a été gardien de but de l’équipe du Cameroun sous ses ordres, notamment lors de la CAN 1992, décrit « un homme merveilleux » qui était « très proche des joueurs ». Témoignage.

RFI : Joseph-Antoine Bell, quels souvenirs gardez-vous de Philippe Redon et de son passage à la tête de l’équipe nationale du Cameroun ?

Joseph-Antoine Bell : Philippe était un homme merveilleux, qui avait gardé de sa carrière de footballeur professionnel tout ce qu'il y avait de positif. Il connaissait le jeu et les hommes et était très proche des joueurs. C'était quelqu'un de très humble évidemment, mais qui savait parler et dire les choses. Il avait bien observé le foot et il était précis dans ce qu'il disait. Je me souviens, quand il est arrivé pendant les qualifications pour la CAN 92, il m'a dit : « J'ai remarqué que quand le Cameroun réussit en phase finale, deux noms reviennent toujours, Bell et Milla. » Ce qui m'a fait dire que les statistiques étaient la sorcellerie des Blancs ! Personne ne l'a su alors, mais Philippe voulait que Roger Milla revienne en sélection pour jouer la CAN au Sénégal. Finalement, cela ne s'est pas fait parce que l'entraînement, tout ça, c'était trop contraignant pour Roger, qui avait arrêté après la Coupe du monde 90.

Et puis, très vite, arrive cette CAN 92 au Sénégal, où le Cameroun est très attendu après son quart de finale au Mondial. Comment l'avez-vous vécue avec ce jeune entraîneur de 41 ans à votre tête ?

Philippe était vraiment un type bien, quelqu'un qui comprenait les joueurs et que les joueurs comprenaient. Lors des matches de qualification, il s'était rendu compte de la pression qui pesait sur les Lions au Cameroun et m'avait confié qu'il n'aimerait pas être à notre place. En tous cas, il avait une grande proximité avec nous. À tel point qu'avant le quart de finale de la CAN face au Sénégal, quand des policiers sénégalais, je ne sais pas pourquoi, s'en sont pris à sa compagne, qui était dans la délégation, tous les joueurs camerounais ont oublié qu'ils avaient un match et se sont rués à son aide. La bousculade a duré 5 à 10 minutes et après les joueurs ont repris leurs esprits pour gagner le match. Et quand nous avons éliminé le Sénégal en quarts, on ne voyait plus beaucoup d'obstacles pour aller jusqu'au-bout. Le titre nous tendait les bras, on avait une très bonne équipe, mais finalement on n'a pas gagné cette CAN, alors qu'on n'a perdu aucun match. La Côte d'Ivoire nous a éliminés aux tirs au but, alors qu'on avait nous-même raté un pénalty pendant le match. C'était une déception.

Une déception partagée par Philippe Redon ?

Mais oui, bien sûr. Philippe ne courait pas après la richesse, la gloire, ou quoi que ce soit de ce genre, mais en tant que sportif, il voulait gagner. Et il pensait tellement avoir l'équipe pour gagner, que pour le match pour la 3e place face au Nigeria, il n'avait pas fait d'équipe. Il n'a pas fait de composition. Moi, il m'a dit : « Jo, qu'est-ce que tu fais ? Ce n'est pas la peine que tu joues ce match. On n'est pas là pour remplir des statistiques. Jacques (Songo'o) il n'a pas joué, il va jouer. » Puis, aux autres : « Qui veut jouer ? Ceux qui veulent se faire plaisir vont entrer et jouer. » Finir troisième ne l'intéressait pas particulièrement.

RFI

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